Les réels dangers du poisson pour la santé des femmes enceintes

Les réels dangers du poisson pour la santé des femmes enceintes

24 February 2025Lin Qiu Yi Wan

De nombreuses interrogations entourent la consommation de poisson pendant la grossesse : faut-il éviter le poisson cru, ou même cesser d'en manger, même s'il est cuit ? Cet article répond à ces questions en s'appuyant sur des études scientifiques, afin de dissiper les doutes et d'aider à faire des choix éclairés.

 

Le poisson pendant la grossesse

Le poisson n’est pas à craindre pendant la grossesse. On entend souvent parler des dangers liés au mercure pour les femmes enceintes et le bébé. Il ne faut cependant pas généraliser, car ce ne sont pas tous les poissons qui accumulent le mercure dans leurs tissus. D’autant plus qu’intégrer cet aliment à sa diète apporte plusieurs nutriments essentiels au développement du fœtus, et certains sont difficiles à obtenir en quantité suffisante, si l’on suit l’alimentation nord-américaine moderne.

Les avantages

La consommation de poisson pendant la grossesse offre de nombreux avantages pour le développement du fœtus, principalement en raison des nutriments essentiels tels que les acides gras oméga-3, notamment le DHA. Ces acides gras sont cruciaux pour le développement du cerveau et des yeux du fœtus. Plusieurs études d'observation ont révélé une association positive entre une consommation de poisson supérieure à la moyenne nord-américaine et une légère augmentation de la durée de la gestation, ainsi que de meilleurs indices de développement neurologique chez l'enfant

Une étude nord-américaine récente suggère que la consommation de poisson pendant la grossesse pourrait réduire de 20 % le risque que l'enfant soit diagnostiqué avec un trouble du spectre autistique. Cette étude, menée par des chercheurs de l'A.J. Drexel Autism Institute et publiée dans The American Journal of Clinical Nutrition, a examiné la consommation de poisson de 10 800 femmes enceintes et a révélé que de nombreuses femmes ne consommaient pas de poisson ou ne prenaient pas de suppléments d'huile de poisson

Bref, pour favoriser un développement optimal du fœtus, il est recommandé aux femmes enceintes de consommer jusqu'à deux portions par semaine de poissons faibles en mercure, en complément d'une alimentation riche en huiles végétales pour l'apport en ALA, et de considérer des suppléments tels que l'huile de poisson pour assurer un apport suffisant en DHA.


Les risques potentiels 

La consommation de poisson pendant la grossesse présente des avantages nutritionnels significatifs, mais nécessite également une attention particulière en raison de certains risques potentiels liés à la présence de mercure et aux infections alimentaires.

Le mercure, particulièrement sous sa forme de méthylmercure, est un contaminant présent dans certains poissons. Une exposition excessive au méthylmercure peut être toxique pour le système nerveux central, surtout durant le développement in utero, et entraîner des troubles comportementaux ou des retards de développement chez l'enfant.

Les poissons prédateurs de grande taille, tels que le thon, l'espadon et le requin, tendent à accumuler des concentrations plus élevées de mercure. À titre d'exemple, une enquête récente a révélé qu'une boîte de thon sur dix dépasse la limite de mercure autorisée en Europe, exposant ainsi les consommateurs à des risques sanitaires.

Infections alimentaires 

De plus, la consommation de poisson cru ou insuffisamment cuit peut exposer la mère et le fœtus à des bactéries telles que Listeria monocytogenes, responsable de la listériose, une infection pouvant entraîner des complications graves pendant la grossesse. Il est conseillé d'éviter les poissons crus, fumés ou marinés, et de privilégier les poissons bien cuits.


Recommandations pour une consommation sécurisée

Pour minimiser les risques tout en bénéficiant des apports nutritionnels du poisson, il est conseillé aux femmes enceintes de :

  • Choisir des poissons à faible teneur en mercure : Privilégiez des espèces telles que le saumon, la truite, le hareng et les sardines. Ces espèces sont riches en oméga-3 et présentent des niveaux de mercure plus bas. 

  • Quantité recommandée : Consommez du poisson deux fois par semaine, en variant les espèces pour bénéficier d'un apport nutritionnel optimal tout en minimisant les risques. 

  • Éviter certains poissons : Les espèces telles que l'espadon, le requin, le marlin et la lamproie sont à éviter en raison de leur teneur élevée en mercure.

  • Éviter le poisson cru et les produits de la mer fumés : afin de réduire le risque d'infections alimentaires, notamment la listériose, qui peut avoir des conséquences graves pour le fœtus.

En résumé, une consommation modérée et éclairée de poisson pendant la grossesse peut offrir des bénéfices nutritionnels importants. Il est essentiel de bien choisir les espèces consommées et de respecter les recommandations de cuisson pour assurer la santé de la mère et du fœtus.

 

Remerciements 

Nous remercions Jean-Christophe Sicotte-Brisson, étudiant en biologie à l'Université du Québec à Montréal, pour sa contribution à la rédaction de cet article.

 

Sources

 

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